Comprendre l’effet de halo, c’est comprendre que les apparences peuvent parfois nous aider, mais aussi nous tromper. Comprendre ce biais cognitif, c’est maîtriser l’image que l’on veut donner de soi et mieux se prémunir contre différentes influences inconscientes…
Pour démarrer cet article, je vous propose, comme à mon habitude une petite expérience…
Deux suspects ont été retenus par notre ami Sherlock Holmes dans une enquête concernant un braquage de banque à mains armées. En voyant les photos que lui tend son compère, le Dr Watson à déjà un avis bien tranché sur le coupable. Selon-vous vers quel suspect se tourne-t-il ?

Si vous empruntez le chemin de votre système 1 vous viendrez sûrement à la conclusion que la personne de droite est le choix de John Watson. La raison est que, à moins que vous ayez une histoire particulièrement négative avec les chiens, l’apparence physique de l’homme de gauche induit un côté attendrissant et bienveillant. De l’autre côté la personne inspire un peu plus le côté “Peaky Blinders”…
L’effet de halo est un biais cognitif auquel nous sommes tous confrontés chaque jour. Cette erreur de jugement peut se glisser dans tout milieu qu’il soit scolaire, professionnel, commercial ou encore, comme vous l’avez vu précédemment, dans les tribunaux…
Quelques détails sur l’effet de halo
Comme Daniel Kahneman le présente, ce biais est une conclusion hâtive de notre cerveau, plus précisément notre système 1 (pensée rapide). Néanmoins, ce n’est pas lui mais le psychologue Frederick L. Wells qui le découvrira en 1907. Il sera également associé au partage empirique de Edward Thorndike en 1920 et démontré en 1946 par Solomon E. Asch.
Également appelé effet de notoriété, ce biais psychologique est défini par la tendance à attribuer des qualités ou des défauts à un individu avec, pour seule référence, ses critères physiques.
De manière plus générale, c’est un effet de contamination qui impacte positivement ou négativement certaines caractéristiques d’un groupe, d’un individu ou encore d’un produit, même inconnu. La première impression devenant presque une vérité, l’avis variera en fonction de l’influence positive ou négative de l’interprétation de l’observateur. En d’autres termes, une personne attirante pourra inspirer plus de confiance.
Pour l’anecdote historique, le nom de ce biais cognitif serait inspiré des saints dans les peintures médiévales. En effet, l’auréole au-dessus de leurs têtes aurait influencé le terme “effet de halo”.
Effet de notoriété dans notre quotidien
Maintenant que nous avons conscience de l’existence de cet effet pervers, voyons comment ce phénomène influence nos mécanismes de pensée dans notre vie sociale. Peut-il influencer jusqu’à notre prise de décision ?
Dans la liste ci-dessous, il est référencé tous les présidents des états-unis depuis Théodore Roosevelt ainsi que leur taille en cm.

Si vous êtes observateur, vous aurez remarqué que la taille moyenne de ces personnalités est assez élevée… Si vous ne trouvez pas cela étrange, c’est que j’aurai dû préciser que la taille moyenne des hommes américains est de 175cm. La taille moyenne d’un président américain, quant à elle, est de 183cm.
Il est évident qu’à elle seule, cette observation ne soit pas caractéristique. Néanmoins, elle est intéressante à observer afin de comprendre la façon dont elle pourrait nous influencer. Regardez autour de vous, et observez si les postes à haute responsabilité sont donnés majoritairement à des personnes de grande taille ou non.
Illustrons ceci avec une autre situation. Imaginons alors que je vous demande si “J’adore” le parfum de la marque Dior est un bon parfum.

Peut-être me répondrez-vous qu’il sent très bon, qu’il est doux, enivrant ou bien d’autres arguments parce que vous connaissez ce parfum. Mais peut-être que vous avez déjà un avis alors que vous ne le connaissez pas. Pour quelle raison ?
Simplement parce que, à défaut de ne pas connaître le produit, vous connaissez son égérie, Charlize Theron. Elle est une actrice de blockbusters à succès, elle a un charme fou, inspire la réussite et le glamour… la liste pourrait être longue tant elle serait influencée par la perception de sa beauté. Dans les faits, les tentatives de persuasion des campagnes publicitaires de ce genre cherchent à ce que la beauté physique de l’égérie soit associée au produit qui est mis en avant.
Voilà pourquoi, dans le spot publicitaire, le scénario focalise notre attention sur Charlize Theron pendant la quasi-totalité de la séquence avant d’enfin nous dévoiler son produit uniquement sur les quelques dernières secondes.
Jouez avec l’effet de notoriété
Inspirez confiance
Il ne s’agit pas là de vous donner les clefs universelles de la manipulation pour arriver à vos fins. D’une part ce n’est pas le but de ce blog et d’autre part ces clefs n’existent pas.
Néanmoins, vous pouvez influencer la perception de votre interlocuteur lors de rendez-vous tel qu’un entretien d’embauche, une demande de promotion, d’une première rencontre amoureuse ou encore un passage devant un jury d’examen.
Gardez alors à l’esprit que votre interlocuteur aura intuitivement un premier avis sur votre position sociale ou vos compétences… qui sera favorable ou non grâce à sa “première impression”.
Certes, cette dernière n’est pas figée mais il peut s’avérer utile de mettre cette information à profit. Dans une conférence, Jérôme Bondu explique que lors d’un recrutement, 3 éléments sont observés :
- Les 20 premiers pas
- Les 20 premiers gestes
- les 20 premiers mots
Restez donc un minimum attentif à votre image…
Déjouez les pièges de la pensée rapide
Pour vous défendre contre ce biais cognitif, comme je l’écris souvent, la première étape est d’en avoir conscience. Si vous avez lu cet article jusqu’ici, c’est chose faite. Félicitations !
Maintenant, sachez que nous ne pouvons échapper à ce genre d’erreur de jugement mais que tout n’est pas perdu.
Bien que difficile, il est possible de contrer cet effet par votre sens critique, la science du doute. Comme souvent lorsque je cite la zététique, je vous conseille de vous permettre de douter de tout, de ce que vous transmet votre interlocuteur (que ce soit une information verbale ou non-verbale) mais également de vos propres jugements.
Tentez alors d’observer froidement les faits, comme le ferait Sherlock Holmes cité plus haut. Ne jugez pas les personnes à leurs intentions mais à la portée de leurs actes.
Pour terminer, je vous propose un petit exercice : pendant les 3 prochains jours, tentez d’observer comment l’effet de halo se présente à vous, dans votre quotidien personnel et professionnel et affiner votre sens critique. Si vous faites cela, n’hésitez pas à me faire un retour sur ces quelques jours à travers l’espace commentaire.
Et si cet article vous a plu, n’hésitez pas à m’en notifier ou simplement me faire part de votre doute et de votre sens critique désormais plus affûté… 😉
4 commentaires
Une étude récente montre que les personnes « belles » ont plus souvent des postes à responsabilité, sont plus riches… financièrement j’entend..
Comme quoi le physique.
J’ai toujours dit que ma vie s’est jouée pour 20cms ( comme R.S…)
J ai bien aimé cet article,
j ai beaucoup à apprendre , sur l observation et le comportement des gens
Merci pour les conseils
J’adore tes articles sur les biais cognitifs ! Je trouve ça vraiment intéressant de voir comment notre cerveau nous dupe.
Super article ! J’adore le livre de Daniel Kahneman Système 1 et Sytéme 2 ! Je l’ai d’ailleurs lu en anglais puis en français. Un ouvrage passionnant qui nous apprend énormément choses sur les biais cognitifs !